LE RUGBY OU L’ELOGE DE LA DIFFERENCE

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Le rugby fut une de mes passions, j’y ai joué en scolaire et en universitaire pendant une dizaine d’années. À l’époque, j’étais dans la « cage » et j’évoluais au poste de talonneur. En ce temps-là, les « talons » étaient plutôt fins et s’appuyaient sur les épaules solides des piliers pour ramener dans leur camp le ballon avec leurs pieds.

J’adorais ce sport grâce auquel, les extrêmes se retrouvaient. Seul jeu d’équipe, à ma connaissance, capable de regrouper tous les exclus de la cour de récré et de les valoriser : je pense au « petit gros » indispensable pilier pour caler une mêlée, à la « grande ficelle » formidable deuxième ligne preneur de balles en touche, au « gringalet » capable de courir sur son aile comme une fusée pour planter un essai, sans oublier le « nabot » devenu ce génial chef d’orchestre qu’est bien souvent le demi de mêlée.

Dans ce sport, on a besoin plus que jamais de la différence des uns et des autres. Cette dissemblance crée une unité, un ensemble cohérent, prêt à se surpasser pour aller chercher la victoire.

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Certes, ce que je dis est vrai pour le monde amateur dans les « petits niveaux ». J’ai bien conscience que le pilier moderne court aussi vite que le centre et que certains ailiers peuvent jouer troisième ligne… Mais n’oublions pas que le monde professionnel est un microcosme en comparaison du nombre de licenciés dans ce sport.

Je pense que le rugby a forgé dans mon esprit l’idée que la différence entre les individus est une profonde richesse. Il ne faut pas en avoir peur, bien au contraire.

Que nous apportent les personnes qui sont comme nous,  vivent comme nous, mangent comme nous, lisent comme nous ou encore, qui écoutent toujours la même musique que nous ?

En fait, pas grand-chose… Elles nous rassurent dans nos choix, ce qui est important bien-sûr, mais ne nous ouvrent pas de nouveaux horizons.

Je fais ici l’éloge de la différence, car elle est une source d’enrichissement extraordinaire pour les individus que nous sommes. Pour rappel, lors d’un sondage assez récent, le plat préféré des Français était le couscous, pas très éloigné de la fameuse pizza… LOL

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PS: cette très belle photo me met en appétit ! Je crois que je vais me faire un petit couscous très bientôt.

LES PREMIERES BALANCES

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Je me souviens de la première balance lors du premier concert que nous avons donné.

En sonorisation, la balance est le réglage et l’équilibrage de toutes les sources d’un concert de musique, amplifiées de façon à ce que tous les instruments et les voix soient parfaitement distincts et agréables à entendre pour le public (le son « façade ») mais aussi pour les musiciens sur scène (les sons « retours »).

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                Pour ma part, ce fut un grand moment de solitude… Nous étions prêts, nous avions répété dans les conditions du live mais, mis à part le batteur, qui jouait dans un autre groupe, le reste de l’équipe ne s’était pas retrouvé dans pareille situation depuis fort longtemps, voire jamais. Je pouvais presque palper le stress du groupe qui flottait sur la scène. Une partie du public était déjà là.

On avait tout préparé sauf, le choix des morceaux testés lors des balances. Erreur de débutants. Normal me direz vous, nous étions des débutants. On a donc tout fait à l’arrache, essayant de se rassurer en jouant fort. Dans le même temps, chacun chercha dans le regard de l’autre la force qui lui manquait, pour y trouver finalement les mêmes inquiétudes que dans le sien… La belle affaire !

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Je ne connaissais pas l’ingéson, j’en étais encore à me demander si tous mes câbles étaient bien branchés lorsqu’une voix, sortie de nulle part, dit assez fort « bon le chanteur on y va »…

Mais on va où ??

 En une fraction de seconde, tu as l’impression que tous les regards se tournent vers toi et scrutent la moindre de tes réactions, le plus insignifiant de tes mouvements.  Et c’est exactement ça, tout le monde te regarde… Je me suis senti « décortiqué ». Et là, c’est normal, la spirale de la loose se met en branle avec une grande efficacité et tu chantes dans un micro duquel aucun son ne sort… Nada, walou, que dalle !

Problème de câblage, de réglage, enfantillage, engrenage, j’ai passé l’âge, j’ai la rage…

 Pendant ce temps, tes potes jouent histoire de se rassurer et de bien te faire sentir que leur matos à eux est bien câblé. Tes « boulettes » grossissent gentiment et tu te forces à respirer profondément pour ne pas te laisser envahir par tes émotions.

Heureusement que Nico (l’ingéson s’appelait comme ça) était adorable et m’a aidé à contrôler les différents branchements pour, finalement, faire sortir ma voix dans les enceintes, à mon plus grand soulagement, j’avais même tous les instruments dans les retours. Sauvé !

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Mais, car il y a toujours un mais dans cette fameuse spirale évoquée un peu plus haut, je m’étais un peu trop crispé en cherchant ce qui n’allait pas dans mes câblages et mes doigts s’étaient transformés en des espèces de racines qui se traînaient lamentablement sur le manche de ma guitare. Je sentais que tout se faisait en force, rien ne coulait comme d’habitude, plus les notes accrochaient et plus les doigts se crispaient.

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Dès que le concert a démarré, tout s’est mis en place comme par enchantement (heureusement que le travail paye !). Le groupe maîtrisait parfaitement ses morceaux, les inévitables « petits couacs » furent insignifiants et le public, fut visiblement ravi. Bref, au final cet évènement, anodin pour beaucoup, m’a forgé le caractère. Je suis toujours peu à l’aise avec les câbles en général, même si je ne me trompe plus trop de branchement aujourd’hui… LOL

Les concerts et la gestion du stress !

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Quand tu es musicien, le plus beau moment reste le partage avec le public. Pour un concert de Rock, l’idéal c’est qu’il y ait une buvette pas trop éloignée de la scène et, surtout, qu’il n’y ait pas de chaises pour s’asseoir… Une fois que le groupe a fait ses balances (bonjour ami Ingé sons) il n’a plus qu’à attendre l’heure du live. Cela peut être long, voire, très long.

Je me souviens d’un concert que nous avons fait chez des bikers avec trois autres groupes au profit d’une association qui œuvre pour venir en aide aux sans-abri. Nous devions passer en troisième position, sachant qu’une grande partie du public venait pour voir et écouter le tribute d’AC/DC de mon ami Jean-Christophe qui passait en fin de concert. Entre les balances et notre montée sur scène, le temps nous a semblé infiniment long. Notre influx nerveux s’évaporait au fil des minutes et, pour ma part, je ressentais presque le besoin d’aller piquer un petit somme alors que le public était déjà là !

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Les deux premiers groupes ont joué, pratiquement deux heures. Je les trouvais super bons et pendant ce temps, les doutes commençaient à s’infiltrer dans les méandres de mon cerveau, petit à petit, jusqu’à devenir bien présents. Les B 59 Pure Rock seront-ils au niveau ? Est-ce que ma voix va suivre ? Les amplis crachaient du décibel à fond la caisse, j’étais crevé de ne rien faire. Ma tête était envahie des suppositions les plus incohérentes les unes que les autres. Finalement, j’ai pris une petite mousse avec mon pote Jim et tout est redevenu clair ! la magie du houblon sans doute.

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Nous sommes montés sur scène et, au premier riff de gratte, tout était lancé avec un parfait équilibre entre le stress et le plaisir. Ouf ! Je sentais que je n’étais pas passé loin du « black-out » qui fait si peur au « guitariste-chanteur-sans-prompteur » que je suis. Vous savez, la goutte de sueur glacée, qui s’écoule lentement le long de votre cou pour venir mourir au creux de vos reins, sans que vous ne puissiez rien faire pour l’arrêter. Eh bien, si je ferme les yeux, je suis en mesure de la ressentir à nouveau, c’est vous dire ce que j’ai dégusté !

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À l’issue du concert, j’ai discuté avec un des chanteurs des premiers groupes. Il disait ne plus ressentir ce pincement au ventre que je lui décrivais et ce, depuis quelques années. Il semblait le regretter ce que, je l’avoue, je n’ai toujours pas compris, mais ça viendra avec le temps, non ?

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