La tirade de Camille.
Rome l’unique objet de mon ressentiment !
Rome à qui vient ton bras d’immoler mon amant !
Rome qui t’a vu naître et que ton cœur adore !
Rome enfin que je hais parce qu’elle t’honore !
Puissent tous ces voisins ensemble conjurés
Saper ses fondements encore mal assurés !
Et, si ce n’est assez de toute l’Italie,
Que l’Orient contre elle à l’Occident s’allie ;
Que cent peuples unis des bouts de l’univers
Passent pour la détruire et les monts et les mers !
Qu’elle-même sur soi renverse ses murailles
Et de ses propres mains déchire ses entrailles
Que le courroux du ciel allumé par mes vœux
Fasse pleuvoir sur elle un déluge de feux.
Puissé-je de mes yeux y voir tomber ce foudre,
Voir ses maisons en cendres et tes lauriers en poudre,
Voir le dernier Romain à son dernier soupir,
Moi seule en être cause, et mourir de plaisir.
Pierre CORNEILLE